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Guillaume Lambert: les gens qui se cherchent me touchent

Vendredi, 26 janvier 2018

C’est aujourd’hui que sort en salle le premier long métrage Les scènes fortuites, écrit et réalisé par Guillaume Lambert que vous avez la possibilité de voir dans les séries populaires Like-moi! et L’âge adulte. Comédie douce-amère sur les errances d’un jeune réalisateur incapable de terminer son film, Les scènes fortuites prend l’affiche dès aujourd’hui à Montréal (Cinéma Beaubien) et à Québec (Cinéma Le Clap), et sort à Sherbrooke (Maison du Cinéma) dès la semaine prochaine (le vendredi 2 février). Si vous n’êtes pas dans ces régions, sachez que plusieurs projections spéciales seront organisées aux quatre coins de la province. Voir au bas de cet article.

Voir les horaires de projection. 

La semaine dernière, dans un coquet bar de la rue Mont-Royal, nous avons rencontré l’auteur Guillaume Lambert pour qu’il nous présente quelques aspects de son projet. Voici quelques extraits de cette très agréable rencontre avec un passionné de cinéma.

Peux-tu nous parler de l’idée de départ, de la construction de ton film?

C’est vraiment un film qui s’est construit au fur et à mesure. En 2014, j’ai tourné une scène avec Denis Lavant, qui était à Montréal pour une pièce de théâtre. Lavant, c’est une de mes idoles, alors  j’ai pris ma chance. À l’époque, je n’avais pas grand-chose d’écrit. Ça devait être un court-métrage que j’avais appelé « Pourquoi ». En une nuit, j’écris une scène, Denis Lavant vient chez nous, il se fait maquiller et on tourne la scène. Mais elle était beaucoup trop longue et ça débalançait complètement la structure du film. Et puis la vie a déboulé, il y a eu Like-moi! et L’âge adulte alors j’ai mis mon projet de côté. Lorsque j’ai eu l’opportunité de présenter mon projet de long-métrage pour du financement, j’ai repris l’idée du réalisateur qui n’a pas fini son film. J’ai écrit à M. Lavant, je lui ai donné la prémisse du long métrage et il a accepté.

Qu’est ce que le médium cinéma t’apportait de plus que la télé ou le web?

Le choix du cinéma s’imposait. Je suis un mélancolique dans la vie. J’ai un amour profond pour le cinéma, pour la salle. De son ambiance à la fois collective et individuelle.  Le cinéma m’apportait une grande liberté, incluant, le jeu, le montage, la réalisation, les choix artistiques, les choix musicaux, la création sonore. Cela a été un acte de création très libre, et curieusement, le fait que l’on n’ait pas beaucoup d’argent, a fait que c’est devenu une contrainte très précise. Et à travers ça, chacune des difficultés rencontrées, devenait des . par exemple, on voulait dans la trame sonore mettre une chanson, mais les droits étaient trop chers. Alors j’ai approché Pierre-Philippe Côté (« Pilou ») qui a composé une chanson qui était encore mieux que ce que j’avais en tête. Donc, tous les problèmes liés au budget se sont transformés en quelque chose de positif. Ils ont aussi été des prétextes pour rencontrer plein de gens. Alors que pour mon personnage, son film, c’est plutôt un flop, il a été laissé seul livré à lui-même, personne ne l’a aidé, il s’est ruiné… alors que pour Les scènes fortuites, ça a été une aventure très positive, un marathon de deux ans, certes, mais les portes se sont ouvertes. En fait, faire le film, n’a pas été un processus très douloureux, tout s’est fait avec beaucoup de facilité. Évidemment, le doute était bien là et il y a eu des obstacles en cours de route, mais c’était «challengeant».

Qu’est-ce que le public va découvrir de toi dans ce film?

Oh… je ne sais pas. Bonne question (rires). Ce film n’est pas autobiographique, c’est une fiction. C’est un personnage que j’ai créé de toutes pièces. J’avais envie de parler de cette fragilité, du doute qu’un créateur peut ressentir à mi chemin dans le processus de création de son œuvre. J’avais envie de traiter de cet état-là. On est tellement collé dessus que ça peut nous approcher d’une dépression. C’est aussi un film sur les paradoxes. Les gens vont peut-être découvrir ça. Que je suis quelqu’un à la fois de drôle et de triste, extraverti et timide, rationnel et pragmatique. J’avais envie de me servir de mes archives personnelles pour créer un personnage d’enfant-vedette. En fait, ça a été pour moi l’occasion de réaliser plusieurs fantasmes, comme si je réparais un peu  ma vingtaine ou mon adolescence en magnifiant certaines choses.

Le film a été pour moi l’occasion de prendre beaucoup de plaisir et de découvrir la réalisation. Ça faisait longtemps que je m’intéressais à la direction d’acteurs. J’ai pu travailler avec des gens que j’admire et ça a été un prétexte d’approcher des gens auxquels je pensais depuis longtemps. Je ne sais pas trop… C’est sûrement l’occasion de découvrir qui je suis comme réalisateur, j’imagine.

Les gens qui se cherchent me touchent, parce que c’est à la fois comique et dramatique.

Il y a un discours assez vitriolé sur l’audiovisuel. Tu dis que ce n’est pas un film autobiographique, mais il doit bien y avoir une petite part de réel, non?

Je m’approche du cynisme, oui, mais ce n’est pas particulièrement ma position. Mais j’ai eu un début de carrière lent et difficile, je remarque aussi autour de moi des gens qui peinent à se démarquer alors qu’ils ont du talent. Ce n’est pas tant une critique de l’industrie culturelle, mais plus du pouvoir. Quand on fait des films, le regard critique que l’industrie porte rend les choses délicates. Par exemple, Les scènes fortuites, c’est un film que j’ai fait avec très peu d’argent, avec l’aide de quatre personnes environ, et des interventions sporadiques… Est-ce un regard critique? Non, mais j’ai observé plusieurs choses, puisque j’ai touché à tout. Et j’ai besoin de ça. Je ne suis pas qu’un comédien, qu’un auteur, ou réalisateur… en fat les personnages de Les scènes fortuites, c’est un peu moi. Sans être une transposition exacte, mais ça me permet de me répondre à moi-même.

Dès la semaine prochaine, tu pars en tournée avec ton film, c’est une sorte d’accomplissement… Au début du projet, tu imaginais que tout allait se dérouler comme ça?

Non, pas du tout, je suis extrêmement touché par la visibilité qu’on m’accorde en ce moment. C’est un film intimiste fait avec très peu d’argent dans l’intimité [moins de 200 000 dollars, NDLR]. C’est vrai que j’ai un peu de trac à le dévoiler maintenant, mais je suis confiant. Je pense que c’’est un film très honnête qui s’inscrit dans la lignée des films qui m’ont inspirés au début des années 2000, le mouvement Mumblecore, les premiers films de Noah Baumbach. Il y a quelque chose dans la signature des dialogues qui me parle. Pour nous j’ai l’impression que tout se mélange, on peut faire de la télé d’auteur, du web d’auteur ou du cinéma. Pas besoin de catégoriser, les comédies d’un bord, les drames de l’autre. Tout ça peut s’imbriquer, et j’ai l’impression que c’est un bon point de départ pour faire des œuvres humaines, intimistes, très simples en fait.

 

LES SCÈNES FORTUITES met en vedette Guillaume Lambert lui-même dans le rôle-titre, aux côtés d’une impressionnante distribution, dont Valérie Cadieux et Sarianne Cormier dans les premiers rôles de soutien, ainsi que Monia Chokri, Éric Bernier, Alexandre Goyette, Bianca Gervais, Normand Canac-Marquis, Livia Sassoli, Marc Larrivée, Dominique Leclerc, Marie-Chantal Perron, Jean-Carl Boucher, Mirianne Brûlé, François Pérusse et la participation de Denis Lavant.

Projections spéciales prévues (liste sujette à changements):

Jeudi 25 janvier, 21h00, Cinéma Beaubien (Montréal) l Vendredi 26 janvier, 19h00, Cinéma Le Clap (Québec) l Samedi 27 janvier, 19h00, Cinéma Beaubien (Montréal) l Vendredi 2 février, 19h00, Maison du Cinéma (Sherbrooke) l Samedi 3 février, 19h00, Cinéma Fleur de Lys (Trois-Rivières) l Mercredi 7 février, 19h00, Cinéma St-Eustache (St-Eustache) l Jeudi 8 février, 19h00, Cinéma Carrefour du Nord (St-Jérôme) l Vendredi 9 février, 19h00, Cinéma St-Laurent (Sorel-Tracy) l Jeudi 15 février, 19h00, Cinéma Beloeil (Beloeil) l Dimanche 11 mars, 17h00 et 19h30, Théâtre Banque Nationale (Ville Saguenay)

 

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