Zo reken (« os de requin ») est le surnom donné en Haïti au Toyota Land Cruiser, véhicule tout-terrain puissant, très prisé des organisations humanitaires internationales omniprésentes dans le pays depuis le séisme de 2010. Dix ans plus tard, dans un pays en ébullition et plus bloqué que jamais, un zo reken est détourné de son usage habituel pour devenir un espace mobile de rencontres et de discussion entre Haïtien·nes. Plus aucun·e travailleur·se humanitaire étranger·ère ne peut monter à bord. Le chauffeur mène la conversation avec ses passager·ères, tou·tes citoyen·nes de Port-au-Prince, pendant qu’il tente de se frayer un chemin entre les barricades et les manifestations. On parle de l’état du pays, de néocolonialisme et d’aide humanitaire, et la colère monte?: contre le président en place qui a perdu la confiance de la population, contre les promesses d’aide non tenues de la communauté internationale, et contre la violence que subissent les plus vulnérables. ZO REKEN est un road movie et une machine à faire parler.
Zo reken (“shark bone”) is the nickname given in Haiti to the Toyota Land Cruiser, a powerful 4x4 vehicle popular among the humanitarian aid organizations that are omnipresent in the country since the 2010 earthquake. Ten years later, as the country is once more in turmoil and under a strict lockdown, a zo reken has been hacked and transformed into a mobile space for encounters and discussion among Haitians. Foreign aid workers are no longer allowed on board. The driver leads the conversation with his passengers, all citizens of Port-au-Prince, as he tries to make his way between the barricades and the demonstrations. They talk about the state of the country, about neocolonialism and humanitarian aid, and anger is mounting. They’re angry at the president who lost the people’s confidence, frustrated by the international community that made promises that were never kept, and desperate to see the end of the violence against the most vulnerable. ZO REKEN is a road movie and a machine that makes them speak.
Initialement formé à la géographie urbaine, puis en arts visuels, Emanuel Licha est artiste et cinéaste. Ses films s’intéressent à des objets spatiaux et architecturaux spécifiques, l’amenant à envisager les objets du paysage urbain comme autant d’indices sociaux, historiques et politiques. HOTEL MACHINE (2016), son premier long métrage documentaire de création, a été présenté en première en compétition au Cinéma du réel au Centre Pompidou, et a gagné différents prix. ZO REKEN est son second long métrage documentaire de création.
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