La petite histoire derrière La fin des terres
Vendredi, 1er mars 2019
En clôture de cette 37e édition des RVQC, notre équipe de programmation vous propose La fin des terres, une oeuvre d'une grande beauté formelle, réalisée par un tout jeune cinéaste de 24 ans, Loïc Darses. Produite par Colette Loumède de L'ONF, cette immersion sensorielle audacieuse témoigne de la réflexion que se construit la jeunesse québécoise autour de thèmes universels, tel la politique, le territoire ou l'identité.
La petite histoire derrière le film
Hors norme à l'écran, La fin des terres l'est aussi dans la démarche adoptée par sa productrice. Désireuse de recruter les artisans de demain, elle a choisi d'inviter trois finissants de l'école des médias de l'UQAM, provenant de trois spécialisations différentes, à venir créer leur toute première œuvre professionnelle au sein du Studio documentaire de l'ONF. Après un processus de sélection ce sont le réalisateur Loïc Darses, le monteur Philippe Lefebvre et la directrice photo Charlotte Lacoursière qui ont été sélectionnés [1]. Nous avons rencontré Mme Loumède pour qu'elle nous en dise plus long sur ce processus qui aura duré au total plus de trois ans.
Le projet est né du désir d'ouvrir des portes à des tout jeunes cinéastes, qui ne viennent pas forcément d'eux-mêmes cogner à la porte de l'ONF, nous dit-elle. Partant de ce constat, je me suis dit que c'était à moi d'aller les chercher, car je considère qu'il est indispensable que nous travaillions avec la jeunesse. Au cours de l'histoire de l'ONF, qui fête cette année ses 80 ans, les jeunes ont toujours eu une place importante. Avec l'aide de Paul Tana, Diane Poitras et Denis Chouinard, j'ai choisi trois jeunes issus de corps de métiers différents du BAC en cinéma à l'UQAM. On leur a demandé d'écrire une lettre d'intention et je les ai rencontrés en entrevue. L'idée était simple: si vous aviez l'occasion de venir faire un film avec nous, pourquoi devrais-je vous prendre? Qu'est-ce que ça veut dire pour vous de faire un film à l'ONF? Il fallait qu'ils aient envie de venir avec nous! C'était l'élément essentiel pour que cela fonctionne.
Ensuite, renchérit la productrice, je leur ai proposé de réfléchir ensemble et de m'amener trois projets qu'ils aimeraient voir porter à l'écran. Puis, on a clairement défini les rôles de chacun: Loïc, cinéaste, Philippe comme monteur et Charlotte à la photo. Malgré tout, il était important qu'ils réfléchissent en groupe. Lorsqu'ils sont arrivés avec leurs idées, j'ai demandé à Loïc laquelle des trois il trouvait la plus risquée, celle où il se sentait le moins confortable. Et c'était ce qui est devenu La fin des terres... le projet le moins défini, celui qui avait le plus de recherches. Je lui ai demandé de faire un film en fonction de sa perception de jeune homme de 21 ans [Loïc Darses en a désormais 25, NDLR]. N'essaye pas d'être un autre que qui tu es. Ça a été à peu près ma seule contrainte. C'était un rendez-vous intergénérationnel formidable. Raconter le grand récit québécois, appelons ça le combat identitaire, qu'est-ce que ça veut dire maintenant? En parlant du film avec eux, moi qui a vécu ces événements en 80 et 95, je dû complètement déprogrammermes souvenirs. Ça a été tout un apprentissage!
Sur la vision du cinéaste, et sur sa façon d'envisager son film, Madame Loumède précise: Loïc est arrivé avec une pensée, une grammaire du cinéma, et une approche bien définies. L'idée derrière son film est vaste, mais l'approche est précise. Il sait ce qu'il cherche autant sur la forme quesurle contenu. Il m'a proposé une vision sur la parole, sur ses intervenants qu'il a choisis lui-même. On a commencé par faire les entrevues. On a fait ça pendant des semaines. Il a accumulé des heures et des heures de confidence. Par la suite, on a commencé à monter le son. L'image n'est venue qu'après. Il a beaucoup insisté pour que le résultat soit le plus beau possible.
La fin des terres vous est présenté ce samedi soir, le 2 mars à 19h30. Vous pouvez acheter vos places ici.
[1]: par la suite, un 4e mousquetaire s'est joint à l'équipe en la personne de Louis Turcotte, qui a cosigné la direction photo avec Charlotte.
À propos des créateurs
Loïc Darses, réalisateur - Finissant en communication (cinéma) à l'UQAM, Loïc Darses réalise comme film de fin d'études le documentaire Elle pis son char, sélectionné en compétition internationale courts métrages aux RIDM 2015. Il a également été formateur en cinéma pour le camp Les P'tits Loups du Festival du nouveau cinéma, ainsi que critique de cinéma à la revue Ciné-Bulles.
Charlotte Lacoursière, directrice de la photographie - Nouvellement diplômée en cinéma de l'UQAM (2015), Charlotte Lacoursière a fait ses preuves en direction photo pour des courts métrages réalisés à l'UQAM et qui se sont illustrés dans le circuit des festivals nationaux et internationaux, dont Gas and Wine Taste the Same et French et fèves au lard d'Emmanuelle Lacombe, ainsi que Casse-tête de Charles Boisseau.
Philippe Lefebvre, monteur - Pendant ses études en cinéma à l'UQAM, de 2012 à 2015, Philippe Lefebvre travaille sur plusieurs projets de montage, de ses propres courts métrages (Slush N' Guns et Tirez sur le messager) à ceux d'Emmanuelle Lacombe (Gas and Wine Taste the Same, French et fèves au lard), en passant par un documentaire du professeur Paul Tana (Marguerita) et des capsules reliées à la série documentaire Sortons danser! Il est également titulaire d'un certificat en scénarisation cinématographique de l'UQAM.