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La rivière cachée: exploration sans limite

Vendredi, 25 mai 2018

La rivière cachée, long métrage documentaire écrit, produit et réalisé par Jean-François Lesage, prend l’affiche au Québec dès aujourd’hui. Il est présenté à la Cinémathèque québécoise (Montréal), au Cinéma Cartier (Québec) et à La Maison du cinéma (Sherbrooke) dès le 1er juin. Une projection spéciale aura lieu à Rimouski le mardi 29 mai à 19h30 au Paraloeil, en présence du cinéaste. La rivière cachée (The Hidden River) sera également présenté en version originale sous-titrée en anglais le samedi 2 juin à 17h au Cinéma du Parc à Montréal.

Synopsis : Au cœur d’une forêt profonde, coule une rivière. Sur ses berges, des hommes et des femmes se confient. Dans ce lieu reculé, propice à la réflexion, ils se questionnent sur ce qu’il faut pour atteindre la paix intérieure, supposent l’importance de transmettre quelque chose aux générations futures, réalisent que la fusion amoureuse est un idéal impossible. Alors que le soleil décline derrière les montagnes, les baigneurs s’avouent amèrement le cul-de-sac de certains rêves, mais trouvent encore du sens dans la contemplation de la nature, des étoiles et de la lune.

Entrevue avec Jean-François Lesage

Après Contes du Mile-End et Un amour d’été, tu continues ton exploration de l’âme humaine. Peut-on parler d’un triptyque?

Dans La rivière cachée, en effet, il y a des choses qui s’affirment, même si les trois films sont très différents.Dans les trois on retrouve le besoin de valoriser la parole humaine, dans un lieu qui qui agit comme studio à ciel ouvert. Avec ce troisième film, je pousse encore plus loin la démarche. On est à 10 heures de Montréal, sur le bord d’une rivière, dans le fonds des bois. J’ai tourné durant quarante jours, en fin d’après midi ou en soirée et jusqu’à la nuit. Dans mes films, je travaille sur des atmosphères, des qualités de présence. J’aime l’intime, la confidence, tout en partant du réel pour construire un monde, un univers intéressant.

Tes univers, on les retrouve aussi dans les thèmes abordés. Après des sujets très urbains, on sentait déjà l’importance - même diffuse - de la nature. Avec La rivière cachée, on est dans un monde très mystérieux. Comment as-tu choisi ce lieu?

Un peu par hasard. J’étais allé avec mes monteurs en Gaspésie pour s’enfermer pendant deux semaines pour finir Un amour d’été. On n’a pas fini le film, mais on a fait une descente de rivière et ce fut une découverte pour moi de voir ce lieu sauvage. Ensuite j’ai découvert une petite plage où se trouvait un mélange de touristes de Québec ou de Montréal et des gens de la place, qui se regardaient, qui se parlaient un peu. Je me suis tout de suite dit que ce microcosme là était parfait pour le sujet de mon prochain film. Sauf que, je n’ai pas eu l’autorisation de tourner sur la plage en question, donc il a fallu que je trouve une rivière reculée... dont je ne révélerai jamais le nom! (Rires).

Comment as-tu trouvé tes intervenants?

C’est ça qui a été plus difficile que dans mes autres films qui se passaient dans lieux avec beaucoup de monde. Là ce qui était délicat c’était d’attirer des gens vers la rivière, j’ai commencé par la famille de ma monteuse qui est gaspésienne, ensuite j’ai élargi mon champ de recherches. Je suis allé de village en village, dans les bars, et finalement j’ai réussi à trouver au moins une personne ou un couple par jour de tournage.

Comment est-ce qu’on dirige les conversations? Est-ce qu’on laisse la caméra rouler au fil des discussions?

Avec Un amour d’été, je disais juste le nom du film et les gens me disaient ce que ça leur inspirait. Avec La rivière cachée, j’avais envie d’aller plus loin et j’ai formulé des questions qui servaient à lancer les discussions vers d’autres sujets. Les sujets n’étaient pas forcément faciles, c’était par exemple «quand est la dernière fois que vous avez pleuré», «quels sont vos espoirs, vos peurs», «que pensez-vous de notre présence commune sur Terre», «est-ce qu’il faut être en couple pour être heureux», etc. Des questions intimes que je leur posais pour donner une direction aux échanges. C’était la première fois que je fonctionnais comme ça. Ça a donné lieu à plein de métaphores avec le lieu.

Et au montage, avec tout ce matériel, on garde quoi, on jette quoi... C’est compliqué, non?

En effet, ça a été dur. Au total, ça a pris quatre mois à deux monteurs. Le but c’est de trouver l’itinéraire secret qui se dégage de tout ce matériel. Ça nous amène à rejeter des scènes que je trouve magnifiques, mais, comme une rivière, le film ne prend pas ce cours là. À chaque fois, je trouve que c’est un processus tellement intéressant, même si c’est très difficile et qu’on se retrouve parfois dans des impasses...

Parle-nous un peu du parcours international du film.

J’étais en compétition à Visions du réel [l’un des plus importants festivals pour les documentaires qui se tient en Suisse, NDLR] dans une section sur les nouvelles écritures. On se rend compte que le documentaire est un champ d’expérimentation en perpétuelle évolution. Et à Visions, on s’en rend particulièrement compte. C’est très flatteur d’avoir été dans cette section, car c’est vraiment ce que j’essaie de faire, de démontrer qu’avec des personnes réelles, on peut créer un univers qui se rapproche de la fiction et que les propos que tiennent les gens ne sont finalement pas si banals que ça.

Ensuite, je suis allé à Doc-Cévennes, où j’avais présenté Un amour d’été l’an dernier. Les gens ont été sensibles à la nature car ils en ont aussi dans ce coin là des rivières sauvages... ils ont eu un peu de mal avec les accents gaspésiens... rires. Non, mais sans blague, ça s’est très bien passé.

Des projets dans le futur?

J’ai un projet qui s’appelle pour l’instant «Prière pour une mitaine perdue». Je veux faire un film d’hiver, en noir et blanc, dans la tradition des Geneviève de Brault, Léopold Z. Je recrute mes  personnages aux objets perdus de la STM. Je veux qu’ils me parlent de cette perte (tuque, mitaine... iPad), mais je veux les amener à parler d’autres pertes, moins matérielles. Le projet est en attente de la totalité du financement.

 

(Entrevue réalisée le 15 mai 2018 par Charles-Henri Ramond)

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