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Samian s'abandonne avec plaisir au grand écran

Vendredi, 9 février 2018

Présenté par la Tournée Québec Cinéma en ouverture du Gala canadien à la plus récente édition du Victoria Film Festival, le film HOCHELAGA, TERRE DES ÂMES retrace plus de 750 ans d’histoire à partir d’un seul lieu où les âmes de toutes les époques et de toutes les cultures se retrouvent malgré les siècles qui les séparent. Rencontre avec le rappeur, photographe et véritable porte-parole des Premières Nations devenu comédien, Samian, qui raconte avoir pris un grand plaisir à incarner le personnage principal de cette fresque historique réalisée par François Girard.

Samian merci d’être avec nous à Victoria à l’occasion de la présentation du film Hochelaga, Terre des Âmes, dans le cadre du passage de la Tournée Québec Cinéma dans l’Ouest. D’abord, cette aventure cinématographique qui a commencé pour toi en 2013 avec le film Roche Papier Ciseaux de Yan Lanouette Turgeon et qui se poursuit maintenant avec Hochelaga, Terre des Âmes de François Girard, comment tu la vois se développer de projet en projet et aussi, comment on se sent quand on se fait offrir un premier rôle comme celui-là?

On se sent pas mal bien! (Rires) Sincèrement, il y a des métiers qu’on choisit et j’ai l’impression qu’il y en a d’autres qui nous choisissent. Avec Roche papier ciseaux, il y a déjà 5 ans de ça, on m’a approché, on m’a écrit un personnage. Et ça, c’est vraiment une belle expérience de se faire offrir un rôle tout en sachant qu’il a été écrit pour toi. Par la suite, j’ai eu le privilège de pouvoir continuer à faire du cinéma jusqu’à l’année dernière où j’ai rencontré François [Girard]. C’est aussi la première fois qu’on m’offrait un premier rôle. Ce sont vraiment des moments où je m’amuse quand je joue. Je suis beaucoup sur scène [pour la musique] et sur scène, c’est une partie de moi-même. Tandis que quand je joue, je m’abandonne totalement, j’ai un total détachement et puis je m’accroche à un réalisateur. C’est une autre partie de moi qui est plus à l’aise, qui a peut-être moins de pression, je pense.

Hochelaga, Terre des Âmes est une saga historique qui faisait le pari de redonner sa place à la culture autochtone comme apport central dans la fondation de la culture québécoise. Est-ce que c’est quelque chose qui t’effrayait avant de plonger dans cette aventure? Est-ce que tu as demandé des garanties pour que les choses soient fidèles dans un rapport historique? Ou bien tu avais une pleine confiance envers le réalisateur François Girard?

J’avais 100% confiance en François. Vraiment! Ma première réaction a été de lui dire : «Enfin! Enfin, un réalisateur s’attaque à un sujet aussi ambitieux.» C’était quand même délicat, mais en même temps il l’a fait avec tellement beaucoup de respect et énormément de délicatesse, ce fut vraiment génial. J’avais hâte qu’au Québec il y ait un film qui se réalise [de ce genre]. Je n’ai pas l’impression que le film est simplement axé sur les Premières Nations, c’est vraiment une fresque historique et on ne peut pas passer à côté de l’histoire des Premières Nations quand on parle du Québec ou même du Canada. Donc, j’avais vraiment hâte de faire ce film-là. Je suis très content que ça soit François qui l’a fait, et qui l’a bien fait.

Samian, tu es un artiste multidisciplinaire; tu touches à la poésie, à la photographie, à la musique et maintenant au cinéma. Est-ce que tu penses que ça risque d’influencer ton processus créatif une expérience comme celle-là pour tes prochains projets?

Je laisse la porte ouverte au cinéma. On m’a bien accueilli dans le milieu du cinéma, vraiment! Et la musique reste là. La photo aussi. Oui, je travaille sur un 4e album, je travaille sur ma deuxième exposition photo qui est prévue pour l’automne prochain et sur mon deuxième livre. Je n’ai pas d’autre tournage en ce moment, mais je reste quand même assez occupé. Et la porte reste toujours ouverte pour tourner un film. J’ai le privilège depuis 5 ans de tourner un film par année; c’est énorme! C’est même déjà au-delà, je pense, de ce dont beaucoup de comédiens rêvent. Je me sens extrêmement béni et je suis reconnaissant d’avoir le privilège de faire du cinéma et je remercie Dieu à chaque fois. Je vais suivre les conseils de François Girard parce que François m’a dit : «Laisse Hochelaga vivre et prends le temps de bien choisir tes rôles, tes films et peut-être les projets. Examine le tout et n’embarque pas nécessairement dans tous les projets qu’on te propose.» Il y a d’ailleurs de grands acteurs que j’admire, que j’aime observer, et je les admire par leurs choix de films, leurs choix de personnages et je pense que c’est un exemple à suivre en tant que jeune acteur.

En terminant, en tenant compte de l’actualité récente, il semble y avoir un réel engouement pour le cinéma autochtone avec une audience de plus en plus à l’écoute. En tant que membre des Premières Nations, comment tu qualifierais ce « renouveau »?

Je pense que c’est au-delà du cinéma. Je crois que dans le domaine artistique en général, dans le Canada, il y a un éveil très fort en ce moment. Que ce soit en musique ou en cinéma. Je n’ai pas eu le privilège de rester trop longtemps au festival [de Victoria], mais j’ai pu rencontrer d’autres réalisateurs autochtones à la soirée organisée par la Société francophone de Victoria après la projection d’Hochelaga, Terre des Âmes. J’y ai rencontré trois réalisateurs et je suis allé voir ce qu’ils font et wow! C’est magnifique ce qu’ils font! Au Québec on n’est peu nombreux je dois avouer. En Saskatchewan et au Manitoba, ce sont des populations extrêmement fortes dans le milieu autochtone. Si on pense à Winnipeg et à Vancouver, leur présence est plus forte et il y a plus de création. Donc c’est certain qu’il y a une ouverture beaucoup plus grande. Je pense qu’au Québec il y a encore beaucoup de chemin à faire. Je pense que c’est le manque de population qui est difficile. C’est 1% de la population au Québec qui est autochtone. Oui il y a des films qui se font, le Wapikoni Mobile est une plateforme hallucinante! Il y a peut-être peu de réalisateurs encore et peu d’acteur, mais je pense que, tranquillement pas vite, les portes s’ouvrent pour plusieurs d’entre eux dans le cinéma autochtone. Il y a eu des films des autochtones qui ont été fait au Québec et là je pense qu’il y a vraiment une porte qui s’ouvre pour les Premières Nations, mais pas seulement ici, c’est un changement pancanadien. Si on regarde au-delà du Québec, il y a vraiment une ouverture sociale pour les Premiers Peuples.

Crédit photo : Dq Wo Photo 2018

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